Parce qu'un viol a fondé leur lignée, les Scorta sont nés dans l'opprobre. A Montepuccio, leur petit village d'Italie du sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait voeu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec ce qu'ils appellent "l'argent de New York", leur richesse est aussi immatérielle qu'une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie. Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela - dont la voix se noue ici à la chronique objective des événements - confie à son contemporain, l'ancien curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer. Roman solaire, profondément humaniste, le nouveau livre de Laurent Gaudé met en scène, de 1870 à nos jours, l'existence de cette famille des Pouilles à laquelle chaque génération, chaque individualité, tente d'apporter, au gré de son propre destin, la fierté d'être un Scorta, et la révélation du bonheur.
Né en 1972, Laurent Gaudé a fait des études de Lettres Modernes et d’Études Théâtrales à Paris. En 1997, il publie sa première pièce, Onysos le furieux, à Théâtre Ouvert. Ce texte sera monté en 2000 au Théâtre National de Strasbourg dans une mise en scène de Yannis Kokkos. Suivront alors des années consacrées à l’écriture théâtrale et à la création de ses pièces sur les plus grandes scènes, en France (Pluie de cendres jouée au Studio de la Comédie-Française, Nous, l’Europe, banquet des peuples et La dernière nuit au monde au Festival d’Avignon, Terrasses au Théâtre de la Colline) et à l’étranger (Combat de Possédés, en Allemagne, Danse, Morobà Dublin, Le Tigre bleu de l’Euphrateà Montréal).
Son premier roman Cris, sur les atrocités de la Première Guerre mondiale, est publié en 2001. Avec La mort du roi Tsongor, il obtient, en 2002, le Prix Goncourt des Lycéens et le Prix des Libraires. En 2004, il est lauréat du Prix Goncourt pour Le soleil des Scorta, un roman qui se déroule dans les Pouilles en Italie, sa terre d’adoption.
Engagé dans son temps, les voyages sont pour lui une nécessité, l’occasion de se “frotter au monde”. Écrire est, peut-être, une façon de faire retentir le cri des disparus ou des plus démunis.
Port-au-Prince, le Kurdistan irakien, le Bangladesh ou la jungle de Calais donnent lieu à des reportages journalistiques et à des romans comme Eldorado sur le sort des migrants ou Danser les ombres sur le séisme qui a frappé Haïti en 2010.
Reconnu pour son écriture au souffle épique, son style lyrique et sa capacité à explorer des thèmes universels avec empathie et humanité, ses œuvres interrogent notre rapport à l’amour, la fidélité, le deuil, l’exil, la mémoire et la vengeance tout en laissant place à l’espoir et à la beauté de la vie.
Au fil des années, Laurent Gaudé ne cesse de se renouveler et démontre sa capacité à absorber de nouveaux genres littéraires. La poésie avec De sang et de lumière ou Nous l’Europe, banquet des peuples qui obtient le Prix du livre Européen en 2019.
Dans son roman Chien 51 ou ses pièces de théâtre La Dernière nuit du monde et Même si le monde meurt, il explore les territoires de l’anticipation et de la dystopie pour mieux donner à entendre les tourments de notre monde.
Avec Terrasses publié en 2024, il renoue avec la tragédie contemporaine dans un récit choral sur les attentats parisiens de novembre 2015.
Laurent Gaudé fait aujourd’hui partie intégrante du panorama littéraire français du XXIe.
Ses œuvres sont régulièrement prescrites dans les classes de collège et de lycée et rencontrent un grand succès auprès des enseignants.
Pour le suivre sur Instagram : @laugaude