Dans Les Lance-flammes, Roberto Arlt poursuit l'épopée hallucinée des Sept Fous, reprenant ses protagonistes là où il les avait abandonnés : Erdosain, l'inventeur torturé double de l'auteur ; L'Astrologue, prophète aussi mégalo que délirant ; Haffner, le maquereau mélancolique ; Barsut, le rentier pervers ; Ergueta, le pharmacien mystique… Et puis il y aussi Hipolita, l'ex-prostituée, et Elsa, l'ancienne femme d'Erdosain entrée chez les carmélites… Autant de personnages déglingués, de détraqués, de misérables à la dérive dans la Ville immense. Et parmi eux, un humilié, bouc émissaire d'une société corrompue qui, de rêveries métaphysiques en vagues projets d'escroquerie, d'angoisses vertigineuses en visions de révolutions, poursuit un chemin qui mène à l'abîme, ou, plus simplement, au néant.
Fils d'un émigrant prussien et d'une mère italienne, Roberto Arlt est né à Buenos Aires en 1900 et mort prématurément d'une crise cardiaque en 1942. Ouvrier, technicien, inventeur raté, journaliste, écrivain, hanté par sa jeunesse malheureuse, souffrant toute sa vie d'un manque d'argent peu favorable à l'épanouissement créateur, il ne cessera de décrire à travers son œuvre les abymes de l'être humain asservi à la ville. Les Sept Fous (Belfond, 2010) et Les Lance-flammes forment un diptyque considéré comme son chef d'œuvre.