La pensée aux prises avec l’informatique: Systèmes d'information - Softcover

Inhaltsangabe

L'observation des projets informatiques selon leurs succès et leurs échecs montre une répartition assez tranchée : l'informatique des objets techniques, illustrée par des systèmes de commande aussi divers que ceux d'Airbus, de la ligne 14 du métro parisien ou des téléphones portables, remporte de brillants succès ; il en va de même pour les systèmes destinés à faire fonctionner l'informatique elle-même, dont le plus bel exemple nous est fourni par l'Internet, mais nous pourrions également citer Linux.En revanche, les systèmes d'information des entreprises, qui ont pris la succession de l'informatique de gestion, semblent affectés d'une véritable malédiction : au fil des ans les rapports des cabinets d'experts égrènent la litanie de taux d'échec catastrophiques, qu'aucune industrie ne tolérerait.Or cela semble paradoxal : l'Airbus ou l'Internet sont des prouesses technologiques, pour l'accomplissement desquelles il a fallu résoudre des questions que personne ne s'était posées, tandis que la gestion des entreprises repose sur la comptabilité, discipline née à Sumer voici 4000 ans, dont le rythme d'innovation n'est pas frénétique, et dont les problèmes techniques qu'elle soulève sont connus de longue date et d'ailleurs résolus. Pourquoi alors tant d'échecs ? Voici un premier élément d'explication du paradoxe : si la complexité technique des systèmes de gestion des entreprises est plus faible et mieux maîtrisée que celle du logiciel de commande d'Airbus, sa complexité sociale est infiniment plus grande. Le logiciel d'Airbus doit modéliser des phénomènes qui obéissent aux lois de la physique, propres à une formalisation mathématique. La gestion d'une entreprise obéit aux lois de la sociologie, de la psychologie, de l'économie et de la science politique, dont le moins que l'on puisse dire est qu'elles ne font pas l'unanimité des spécialistes. Bref, informatiser le fonctionnement d'une entreprise, c'est modéliser un univers flou et mouvant, aux limites indéfinies.Second facteur d'échec, on observe chez les responsables de ces processus d'informatisation un faible niveau de compréhension de ce qu'est l'informatique et des conditions de sa mise en œuvre. Déroutés par des problèmes que leur formation de gestionnaires ne les avaient pas préparés à affronter, ils ont souvent tendance à leur donner des solutions qu'ils croient industrielles, et plus précisément tayloriennes. Nous expliquerons pourquoi c'est une erreur.Les échecs constatés procèdent donc d'une mauvaise compréhension de la nature même du travail de réalisation d'un système informatique, dont la dimension intellectuelle n'est pas reconnue. La thèse centrale de ce livre énonce que la programmation n'est pas une fabrication, mais un acte de conception, et des plus complexes : c'est cet acte qu'il s'agit de comprendre et d'accomplir.Ce livre examinera la façon dont se pose, dans le contexte du système d'information, la question du rapport paradoxal entre travail et pensée : pour accomplir un travail qui comporte une part de conception, il faut penser, mais un travailleur expérimenté peut (et même doit) accomplir certaines phases de son travail sans avoir à y penser, ce qui lui permet d'être rapide. La question est donc, ici comme pour d'autres travaux de conception, de savoir penser aux bonnes questions aux bons moments. Nous examinerons sous cet angle les différentes méthodes qui sont proposées aux concepteurs de système : les anciennes (SADT, Merise) et les modernes (UML, eXtreme Programming...).

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