Reseña del editor:
«Le photographe s'accroupit pour cadrer serré Jeanne Deligny. Les trois premiers clichés le laissent insatisfait. L'angle optimal se cherche encore. Pourtant les visages c'est ce qu'il préfère shooter. Il n'a pas déjeuné, c'est sa faim qui le déconcentre. Il s'écarte pour que le capitaine Brun examine de près la plaie béante au cou et les joues lacérées. À première vue, trois fois une joue, deux fois l'autre. À confirmer. Un sillon monte jusqu'à la tempe, un second balafre le front. Sans cela elle serait jolie. L'était il y a une heure. L'est encore malgré les yeux exorbités de qui s'est vu mourir.»
Reseña del editor:
Annecy, automne 1995. Jeanne Deligny, 44 ans, infirmière dans un centre pour psychotiques, épouse du pharmacien Charles Deligny et mère de Léna, une lycéenne passionnée de physique-chimie, est retrouvée morte sur le palier de son appartement, égorgée d'un coup de cutter. Ce crime n'ayant aucun motif apparent, l'enquête piétine. Seule la découverte tardive d'une pièce à conviction permettra de retrouver la trace d'un suspect, Gilles Bourrel, très ancien petit ami de la victime, qui avoue sans sourciller être l'auteur de l'homicide, d'après lui involontaire… S'inspirant d'un fait divers survenu lors des années 2000, François Bégaudeau n'en a conservé que les grandes lignes : la configuration du crime, son motif, et surtout l'ancrage des protagonistes dans un quotidien ordinaire. Assumant jusqu'au bout son intrigue criminelle, l'auteur de Molécules refuse cependant de s'en tenir à une pure logique du suspens. Il met bientôt le lecteur dans une autre attente, voire une autre dimension, en sondant l'intériorité de personnages quelconques, soudain révélés dans leur complexité moléculaire. Ainsi s'attarde-t-il sur le moindre personnage secondaire, le décor mental de ces années 90 ou les routines illogiques de l'appareil judiciaire. Plus encore et c'est tout le charme persistant de cette fiction, il prête une attention minutieuse à ces créatures communes mues par des forces qui les dépassent. Sans prétendre épuiser le mystère de leur passage à l'acte, ni distinguer en chacun le fautif de l'innocent, il nous laisse aux prises avec le chaos d'une matière trop humaine.
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